Grayscale : c’est quoi ?
Vous avez peut-être déjà entendu parler de Grayscale si vous vous intéressez au marché des cryptomonnaies. Son nom revient souvent dans l’actualité : on évoque son rôle de fonds d’investissement leader dans la gestion d’actifs numériques, ses multiples « trusts » et ETFs. Mais au fond, Grayscale c’est quoi, et pourquoi cet acteur suscite autant d’attention ? Cet article vous propose une plongée dans l’univers de Grayscale, en partant de son histoire jusqu’à son impact sur le marché des cryptomonnaies, afin de vous offrir une vue d’ensemble de ce mastodonte.
Table des matières
Grayscale c’est quoi : Les fondations de Grayscale, un pont entre finance traditionnelle et crypto
Une filiale de Digital Currency Group
Grayscale, de son nom complet Grayscale Investments, est né en 2013. Il fait partie du groupe Digital Currency Group (DCG), fondé par Barry Silbert. DCG est lui-même un écosystème d’entreprises spécialisées dans la blockchain et les technologies associées aux cryptomonnaies. Grayscale se positionne comme un gestionnaire d’actifs qui propose à des investisseurs un accès simplifié au Bitcoin, à d’autres altcoins (monnaies alternatives) et à divers produits cryptos, sans qu’ils aient à manipuler directement les clés privées ou les portefeuilles numériques.
Dès ses débuts, Grayscale s’est focalisé sur le Bitcoin, alors encore méconnu en dehors d’une poignée d’initiés. En proposant un trust (véhicule d’investissement proche d’un fonds fermé) indexé sur le prix du Bitcoin, Grayscale a facilité l’entrée de capitaux institutionnels dans un univers jusque-là dominé par des particuliers technophiles.
Des produits côtés au marché OTC
En 2015, le Grayscale Bitcoin Trust (GBTC) a été listé sur le marché OTCQX aux États-Unis. Cela signifiait qu’on pouvait négocier des « actions » de ce trust sur un marché boursier relativement accessible (par opposition au NASDAQ ou NYSE). Le GBTC est ainsi devenu le premier produit Bitcoin à être échangeable de façon « publique » dans le cadre de la législation américaine.
Très vite, d’autres produits ont vu le jour, portant sur l’Ethereum, le Litecoin, le Bitcoin Cash, le Ethereum Classic, etc. Tous suivent à des degrés divers la même logique : proposer un dérivé (un trust) adossé à la cryptomonnaie, permettant aux investisseurs de ne pas se soucier de la sécurité, du stockage ou des procédures KYC qu’impliquent les exchanges classiques.
Grayscale c’est quoi : Comment fonctionne un trust ? les spécificités de GBTC
Qu’est-ce qu’un « Bitcoin Trust » ?
Un trust d’investissement en cryptomonnaies est un véhicule juridique où un gestionnaire – Grayscale, dans le cas présent – détient des Bitcoins (ou d’autres cryptos) pour le compte d’investisseurs. À la différence d’un ETF (Exchange Traded Fund), un trust fonctionne souvent avec un « portefeuille fermé ». Cela signifie :
- Nombre de parts fixe : on ne crée ni ne détruit des parts du trust en fonction de l’offre et la demande, contrairement à un ETF.
- Décote ou prime : comme l’offre de parts est limitée, le prix du trust sur le marché peut s’éloigner de sa valeur nette d’inventaire (VNI). On peut se retrouver avec un premium (la part coûte plus cher que la valeur des cryptos détenues) ou une décote (la part se négocie moins cher que la valeur réelle des cryptos détenues).
- Frais annuels : pour couvrir le stockage, la sécurité et la gestion, Grayscale applique un pourcentage de frais (souvent autour de 2 % pour le GBTC).
Le Grayscale Bitcoin Trust est historiquement le produit phare. À son apogée, il détenait plus de 640 000 BTC, soit près de 3 % de l’offre mondiale de Bitcoin. À ce jour, ce trust reste un des plus gros détenteurs individuels de BTC.
La question de la prime et de la décote
Durant les premières années, avant l’émergence des ETF Bitcoin sur les marchés à terme (futures), le GBTC s’échangeait le plus souvent avec une prime par rapport au prix du BTC. Pourquoi ? Parce que c’était presque le seul moyen réglementé et boursier pour s’exposer au Bitcoin, attirant une forte demande.
Par la suite, avec la diversification des produits financiers (futures, autres trusts, apparitions de concurrents), GBTC s’est mis à coter à une décote parfois très importante, jusqu’à 25 ou 30 % de moins que la valeur réelle des Bitcoins détenus. Les investisseurs en étaient mécontents car cela signifiait perdre une fraction de leur mise.
Grayscale c’est quoi : la stratégie de Grayscale sur d’autres cryptos ?
Les « trusts » sur les altcoins
Grayscale ne se limite pas au Bitcoin. Au fil des années, la société a lancé des produits centrés sur l’Ethereum, le Litecoin, le Bitcoin Cash, le Zcash, le Ethereum Classic et même le XRP.
L’idée est la même : chaque trust permet à des investisseurs d’acheter des parts représentant un panier de la cryptomonnaie cible. Par exemple, le Grayscale Ethereum Trust (ETHE) est indexé sur le cours de l’Ether, tandis que le Grayscale Litecoin Trust (LTCN) suit celui du Litecoin.
Le problème est identique à celui du GBTC : les parts peuvent se négocier avec une prime ou une décote par rapport à la valeur réelle des altcoins détenus. De plus, les frais de gestion y sont souvent élevés (jusqu’à 2,5 %), ce qui peut peser sur les performances, surtout si la décote se creuse dans les phases de bear market.
Des initiatives de diversification
En plus des trusts mono-actif, Grayscale propose un Digital Large Cap Fund (GDLC), qui regroupe plusieurs cryptomonnaies majeures en fonction de leur capitalisation, donnant aux investisseurs une exposition diversifiée en un seul produit.
Là encore, le fond est coté en OTC, ce qui implique la même mécanique de prime/décote, et des frais annuels. Pour certains investisseurs institutionnels, cela reste un outil pratique pour miser sur les plus gros tokens, surtout s’ils ne veulent pas gérer plusieurs produits.
Grayscale c’est quoi : Quelles sont les raisons du succès de Grayscale ?
Un accès simple et réputé sûr
Dans l’univers des cryptomonnaies, beaucoup d’utilisateurs sont échaudés par les histoires de piratage, de plateformes d’échange peu fiables ou de volatilité extrême. Pour un investisseur institutionnel (banques, hedge funds, compagnies d’assurance), il est parfois plus simple de confier la gestion d’actifs à un acteur reconnu qui :
- Effectue le custody (stockage) des cryptos dans des coffres-forts numériques sécurisés.
- Remplit les obligations de reporting auprès de la SEC et publie des comptes audités.
- Fait déjà partie d’un groupe influent, le Digital Currency Group, ce qui rassure sur sa solidité financière.
Une légitimité acquise via le marché boursier
Le fait que les produits Grayscale soient négociés sur un marché OTC sous forme de « valeurs mobilières » confère un cadre juridique familier aux acteurs de la finance traditionnelle.
Plutôt que de se lancer sur Binance, OKX ou Coinbase, ils peuvent acheter des parts de GBTC via leur compte titre habituel, parfois même dans un plan épargne-retraite (IRA ou 401k aux États-Unis). Cet environnement dit « compliant » séduit ceux qui veulent éviter de manipuler directement des seed phrases ou des clés privées.
Un marketing avant-gardiste
Grayscale a beaucoup communiqué sur la notion de « Get Off Zero », encourageant les investisseurs à allouer ne serait-ce qu’un petit pourcentage de leur portefeuille au Bitcoin ou aux altcoins. Cette approche marketing a contribué à la démocratisation de l’idée que les cryptos pouvaient constituer un actif de diversification légitime.
Grayscale c’est quoi : Les inconvénients et critiques
Des frais élevés
Nombreux sont ceux qui critiquent Grayscale pour ses frais : autour de 2 % par an pour la plupart des trusts, ce qui est élevé à l’échelle d’un marché où la garde peut être moins onéreuse si on la gère soi-même. Certains ETF traditionnels sur des actifs classiques ont des frais inférieurs à 0,50 %. Grayscale se justifie en expliquant que la sécurité et la complexité de la custody crypto « coûtent cher ».
Le problème de la décote
Comme évoqué plus haut, la décote du GBTC peut atteindre des niveaux significatifs. Les investisseurs qui achètent lorsque la décote est forte misent éventuellement sur une réduction de cet écart. Toutefois, si la conversion en ETF n’aboutit pas, la situation peut perdurer. Cela signifie que la valeur de votre investissement peut rester en deçà de ce que vaudraient les Bitcoins détenus par le trust.
La concentration du marché
Certains déplorent qu’un acteur comme Grayscale puisse détenir jusqu’à 3 % de l’offre totale de Bitcoin. Cela confère un certain pouvoir et peut potentiellement influencer le marché si Grayscale décidait de vendre massivement. Même si un tel scénario reste peu probable, l’idée qu’un unique gestionnaire possède une part si importante de BTC suscite des débats.
Grayscale c’est quoi : Les nouveaux produits Grayscale, vers un « mini-ETF »
Une stratégie d’expansion constante
En 2024, Grayscale a lancé plusieurs nouveaux produits pour continuer à innover. D’abord, un « mini ETF Bitcoin spot » censé proposer des frais très compétitifs (0,15 %) par rapport au GBTC (1,5 %). L’objectif est de répondre aux critiques sur les frais trop élevés. Ce produit, en théorie, s’adresse à ceux qui veulent dépenser moins, tout en bénéficiant de la légitimité et de la sécurité Grayscale.
En parallèle, Grayscale développe des fonds liés à la thématique de l’intelligence artificielle et de la blockchain, considérant que ces deux secteurs pourraient converger. On voit ainsi que la société cherche à anticiper les tendances de la finance décentralisée (DeFi) et des technologies émergentes.
Pourquoi parler d’ETF alors que GBTC existe déjà ?
Le Grayscale Bitcoin Trust (GBTC) a longtemps été critiqué pour ses frais élevés (1,5 %) et sa décote parfois importante par rapport à la valeur réelle du Bitcoin détenu. Mais depuis janvier 2024, GBTC a été officiellement converti en un ETF Bitcoin spot, validé par la SEC. Cela signifie qu’il fonctionne désormais comme un ETF classique, avec création et destruction de parts selon la demande, ce qui réduit fortement les écarts entre le prix de marché et la valeur nette d’inventaire (VNI).
L’arrivée de ce « nouveau » GBTC sous forme d’ETF le rend plus transparent, plus liquide, et plus attractif pour les investisseurs institutionnels et particuliers. En parallèle, Grayscale explore aussi des formats encore plus accessibles, comme un mini-ETF, pour répondre aux besoins de profils variés d’investisseurs.
Grayscale c’est quoi : L’affaire Alameda, FTX et l’implication dans GBTC
Il est intéressant de noter que des acteurs comme Alameda Research (la branche trading de FTX) ont utilisé le GBTC pour faire des arbitrages. Alameda achetait ou vendait des parts de GBTC pour profiter de l’écart (prime ou décote) avec le cours du Bitcoin réel. Lorsque FTX et Alameda ont fait faillite, Alameda Research détenait encore des parts de GBTC.
Après la faillite, la nouvelle équipe en charge d’Alameda a cherché à récupérer la valeur théorique des Bitcoins sous-jacents. Ils auraient attaqué en justice Grayscale pour prétendre que le gestionnaire maintient artificiellement la structure de trust plutôt que de la transformer en ETF, ce qui refermerait la décote. Ce dossier illustre comment la structure même de Grayscale peut engendrer des conflits d’intérêts dans certaines situations critiques.
Grayscale c’est quoi : Quel impact Grayscale exerce-t-il sur le marché ?
L’effet de whale : Grayscale comme baleine du Bitcoin
Avec plus de 600 000 BTC (à certains moments), Grayscale est ce qu’on appelle une « whale » (baleine) : un acteur capable d’influencer l’offre et la demande sur un marché où la rareté est un facteur clé. Si Grayscale décidait de liquider une fraction notable de ses BTC, le cours pourrait s’en ressentir. Inversement, ses acquisitions massives ont contribué à propulser le prix du Bitcoin vers de nouveaux sommets lors des phases haussières.
L’enjeu du narratif et de la « légitimation » des cryptos
Pour certains gestionnaires, de la finance traditionnelle, le fait qu’une société comme Grayscale soit reconnue par la SEC comme un « SEC-reporting company » (c’est-à-dire qu’elle publie régulièrement des rapports financiers officiels comme le formulaire 10-Q ou 10-K) apporte une forme de légitimité au Bitcoin et aux cryptomonnaies. Grayscale joue donc un rôle de passerelle, de vitrine, montrant aux acteurs institutionnels que le secteur crypto est mûr pour une adoption plus large. Son marketing direct (campagnes publicitaires telles que la célèbre tagline « Drop gold, buy Bitcoin ») a aussi influencé la perception générale.
Avantages et inconvénients d’investir via Grayscale pour un grand fond
Les avantages de passer par Grayscale pour un grand fond
- Pas de gestion technique : vous n’avez pas à manipuler une clé privée ou à sécuriser un portefeuille. Tout est délégué au fonds d’investissement.
- Cadre légal clair : la société est enregistrée et surveillée par la SEC, du moins pour ses déclarations, réduisant (théoriquement) les risques de scam ou de faillite non surveillée.
- Un produit coté : vous pouvez vendre ou acheter via un broker traditionnel, parfois même dans des comptes d’épargne ou de retraite avantageux.
Les limites à prendre en compte
- Les frais annuels : 2 % ou plus pour certains trusts ne sont pas négligeables, surtout si vous comptez conserver vos parts plusieurs années.
- Le spread entre la valeur réelle et le cours du trust : vous pouvez être piégé par une décote si vous achetez trop tôt ou si le marché se retourne.
- Pas d’usage de la crypto : posséder des actions GBTC n’équivaut pas à avoir du Bitcoin sur un wallet. Vous ne pouvez pas envoyer ce Bitcoin vers un autre compte, ni l’utiliser dans la finance décentralisée.
Si votre objectif est purement spéculatif ou financier (parier sur la hausse de la crypto), Grayscale reste un outil pratique, surtout pour un investisseur institutionnel sous contraintes réglementaires. Mais si vous cherchez à expérimenter les dApps, la DeFi ou l’écosystème blockchain de manière active, ce n’est clairement pas la solution.
Conclusion : Grayscale, un acteur pivot de l’écosystème crypto
Pour résumer, comprendre ce qu’est Grayscale revient à saisir plusieurs éléments clés :
- Grayscale est un gestionnaire d’actifs dédié aux cryptomonnaies, sous forme de trusts et ETFs cotés sur un marché OTC.
- Il est à l’origine du Grayscale Bitcoin Trust (GBTC), qui fut longtemps le seul produit Bitcoin réglementé accessible à un large public via la bourse américaine.
- Les parts de ces trusts peuvent s’échanger avec prime ou décote, et des frais de gestion souvent élevés.
- Grayscale reste un détenteur d’une part significative du Bitcoin en circulation, et propose des trusts similaires pour divers altcoins.
Sachez que Grayscale est à la fois un levier d’institutionnalisation de la crypto et un objet de controverse pour certains investisseurs soucieux de décote ou de centralisation. Grayscale demeure un baromètre de la confiance institutionnelle envers les cryptos : lorsque ses trusts attirent des capitaux, cela reflète souvent un regain d’optimisme sur l’ensemble du secteur.
Les investissements dans les crypto-monnaies sont risqués. Crypternon ne pourrait être tenu responsable, directement ou indirectement, pour tout dommage ou perte causé suite à l’utilisation d’un bien ou service mis en avant dans cet article. Les lecteurs doivent faire leurs propres recherches avant d’entreprendre toute action et n’investir que dans les limites de leurs capacités financières. Les performances passées ne garantissent pas les résultats futurs. Cet article ne constitue pas un conseil en investissement.
Certains liens de cet article sont des liens de parrainage, ce qui signifie que si vous achetez un produit ou vous inscrivez via ces liens, nous percevrons une commission de la part de l’entreprise parrainée. Ces commissions n’entraînent aucun coût supplémentaire pour vous en tant qu’utilisateur et certains parrainages vous permettent d’accéder à des promotions.
Recommandations de l’AMF. Il n’existe pas de rendement élevé garanti, un produit présentant un potentiel de rendement élevé implique un risque élevé. Cette prise de risque doit être en adéquation avec votre projet, votre horizon de placement et votre capacité à perdre une partie de cette épargne. N’investissez pas si vous n’êtes pas prêt à perdre tout ou partie de votre capital.
Tous nos articles sont soumis à une vérification rigoureuse des faits. Chaque information clé est vérifiée manuellement à partir de sources fiables et reconnues. Lorsque nous citons une source, le lien est systématiquement intégré dans le texte et mis en évidence par une couleur différente, afin de garantir la transparence et permettre au lecteur de consulter directement les documents d’origine.
Pour aller plus loin, lisez nos pages Mentions Légales, Politique de confidentialité et Conditions générales d’utilisation.